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"Miroir des excès et des manques de son époque, l'histoire des hôtels s'avère inséparable de l'histoire des sociétés et chacun d'entre-eux depuis sa construction, ses remaniements, ses changements de destination et parfois sa destruction correspond à un moment clé du passé ou de l'avenir qu'il domine de ses ors. Car le destin d'un hôtel ne lui appartient jamais en propre. Crises économiques, guerres, progrès industriels, mode et concurrence en font la proie d'un monde changeant où son arrogance en fait une incontournable cible. Car rien n'est plus fragile qu'un palace dont l'économie ne peut résister à la moindre crise, d'autant qu'à l'instar des casinos ils se démodent aussi vite que les robes en taffetas". ( Bruno Delarue-"Les bains de mer sur les côtes françaises" p 78- ed Terre en vue).

EMMENAGEMENTS INTERIEURS (1)

LE HALL 



Plan général du RDC du Gallic Hôtel relevé par Emile Guisnel vers 1940
 (source : Archives départementales d'Ile et Vilaine)

Marcel Oudin a conçu pour ce lieu un dessin très épuré et d'une grande simplicité d'effet et ce par opposition aux autres locaux communs de l'hôtel sur-décorés par des peintures au pochoir d'une forte et envahissante polychromie.

Le volume très important, aux murs unis de couleur ivoire, n'est en effet ponctué que par deux importantes colonnes au fût lisse, encadrant la majestueuse porte à tambour, symbole par excellence du luxe des palaces. Le sommet de ces colonnes est le point de départ d'une corniche éclairante, qui par ses nappes lumineuses projetées au plafond, divise ce dernier en plusieurs zones et atténuer ainsi l'effet de hauteur en structurant l'espace. Ce dispositif lumineux évitait l'emploi de lustres, rendu impossible par la fragilité des plafonds, et conservait la pureté générale de la ligne architecturale.

Le sol est recouvert d'un très beau pavage bleu et ocre au dessin encore influencé par l'"Art Nouveau" dont on retrouve en permanence le motif dans les principales réalisations de l'architecte. Dès les années 1910 il utilise en effet ce pavage pour recouvrir le sol des succursales des "Magasin Réunis" qu'il réalise pour la famille Corbin. On peut l'y voir sur la maquette originale de la succursale de Flers de l'Orne (1913) conservée de nos jours par la médiathèque de cette même ville.
Le rapprochement qui est parfois fait entre ce carrelage industriel et les mosaïques réalisées par la maison Odorico à Dinard reste pour le moment au niveau de l'hypothèse. 

L'ameublement de ce hall était principalement constitué de fauteuils de style "Art Déco" recouverts de cuir clouté avec assises en velours de deux modèles différents. Ils voisinaient avec un ensemble de sièges et de tables en osiers de style "victorien" dont les bordures étaient de couleur bleu et rouge. Ce mélange de sièges en osier et "tapissiers" était très courant dans les hall des grands hôtels des stations balnéaires et thermales du début du XX ème siècle. Ce mobilier éclectique peut paraître anachronique dans un lieu comme le "Gallic" incarnant la modernité. Un tel choix avait peut être été dicté par la volonté de ne pas changer les habitudes d'une clientèle fréquentant des palaces dont le décor avait peu évolué depuis la "Belle époque". Il faut en effet garder à l'esprit que la décoration "moderne" ne concernait encore en 1927 qu'une petite élite et qu'elle était loin de faire l'unanimité en particulier dans les couches aisées de la société. Les établissements hôteliers qui optèrent pour une modernité radicale à cette époque comme "Latitude 43" à Saint Tropez connurent d'ailleurs rapidement l'échec.


Détail du carrelage du Hall


Guéridon en osier provenant du hall
(source : collection particulière)
Fauteuil en osier
provenant du hall
(source : collection particulière)



Fauteuil provenant du hall
recouvert de cuir 
état actuel 
(source : collection particulière)
Fauteuil provenant du hall
 recouvert de cuir
état d'origine
(source : collection particulière)


Les ascenseurs conçus par la société Roux et Combalusier, demeurent l'élément essentiel de la décoration de ce hall. Ils vont recevoir un traitement particulièrement soigné, car ils sont l'expression de la modernité et du standing de l'hôtel. Il faut en effet se replacer dans le contexte d'une époque où le luxe des palaces ne réside pas tellement dans leur décor, mais essentiellement dans des installations techniques qui nous paraissent aujourd’hui bien banales, comme le chauffage central, réalisé par la société Herbert de Saint Brieuc ou l'hygiène symbolisée par les cent salles de bain, que comptait le « Gallic » en 1927 pour ses cent cinquante chambres.


Il n'existe plus aujourd’hui que deux exemplaires connus de cette exceptionnelle batterie à deux ascenseurs, encore en état de fonctionnement. Celle du « Gallic », restaurée en 2010 sous l'autorité de l'Architecte des Bâtiments de France, par l'entreprise Schindler qui en possède les plans originaux et celle du célèbre hôtel « Westminster » au Touquet.

Plan en élévation des portes palières de la batterie d'ascenseurs
(source : archives société Schindler) 







Ce qui constituait une caractéristique très intéressante de ce hall était sa luminosité. Le dispositif de cloisonnement entièrement vitré entre le salon, la salle à manger, la galerie et le hall, laissait entrer en abondance la lumière du nord, côté mer. Les verrières de la porte à tambour et les dix-huit fenêtres de la cage d'escalier apportaient successivement quant à elles, le soleil matin et après midi.



Galerie reliant le hall (au fond) au jardin côté mer.
Le salon se situait derrière la paroi vitrée de  gauche 
et la salle à manger derrière celle de droite
(source : collection particulière)
Vue du hall prise de la porte à tambour, 
au fond à gauche les ascenseurs
(source : collection particulière)

Vue du hall prise de l'escalier
(source : collection particulière)



























Ascenseurs au rez de chaussée
après restauration en 2010
(source : photo P.Viger)





Ascenseurs détail de la ferronnerie
après restauration en 2010
(source : photo P.Viger)



Ascenseurs à l'étage après restauration en 2010 
(source : photo P.Viger)



























L'entrée du bar de l'hôtel, au nom très british de « Gallic's Bar » se situait derrière les ascenseurs. On accédait par trois marches à cette pièce très étroite qui sera agrandie en 1932 par une pergola vitrée (dont les colonnes sont encore visibles dans la cour) où se situait la piste de danse. La décoration était la aussi constituée de peintures au pochoir au motif de « cordage » qui encadrait des scènes décoratives sur le thème de la mer. Le mobilier, typique des bars de l'époque, provenait de la maison Fischel. Ce bar qui restait ouvert toute l'année possédait également une entrée sur rue.



Plan du "Gallic's bar" relevé par Emile Guisnel vers 1940
 ( source : Archives départementales d'Ile et Vilaine)


Vue du Gallic's bar 
(source : collection particulière)




Broc, cafetière, théière, en métal argenté de la maison Christofle pour le service du Gallic's bar
et de l'ensemble de l'hôtel.
(source : collection particulière)

Cendrier Porcelaine HAVILAND

On accédait par ce même hall à un petit salon situé à droite de la porte à tambour, ainsi qu'à un restaurant dénommé "petit restaurant" qui lui faisait suite et jouxtait l'entrée sur rue du bar.

La conservation de ce hall est remarquable puisqu’en dehors de deux amputations mineures dues à la création, lors du lotissement de 1948, des boutiques situées de part et d'autre de l'entrée par Alexis Daniel assistant de Oudin en 1927, il a conservé ses proportions et son décor d'origine. Il constitue l'un des très rare témoignage de décors intérieur conçu par Oudin, architecte de l'éphémère, qui ont presque tous aujourd’hui disparu.

La restauration du hall est intervenue en 2018 sur les conseils de l’Architecte des bâtiments de France Les couleurs d'origine ainsi que leur disposition ont pu être retrouvées par grattage des murs et des corniches. Cet espace a ainsi pu recouvrer toute sa monumentalité brouillée par la pose de papier peint en partie basse dans les années 50. L'ensemble remeublé d'un mobilier provenant d'hôtels ou de casinos, et ce malgré les amputations citées ci-dessus dégage à nouveau, grâce à la couleur ambrée de ses murs et son trompe l’œil "acajou", une atmosphère d'élégante simplicité.


 
Vues du hall après restauration en 2018

4 commentaires:

  1. Bonjour Monsieur
    Je souhaite entrer en contact avec vous car je suis proprietaire d'un appartement dans un ancien hotel de la cote d'Emeraude construit par Marcel Houdin en 1926 a Saint Cast Le Guildo: Le Celtic Hotel
    Nous avons un projet de restauration du hall d'entree et j'ai vu ce que vous aviez fait au Gallic Hotell qui me semble un modele pour nous
    Accepteriez vous de me donner votre adresse email par exemple que nous puissions communiquer pour obtenir des informations sur la facon dont vous avez procede et les entreprises que vous avez choisies
    Je vous remercie pour votre solicitude et vous prie de croire en mes sinceres salutations
    Catherine Bisdorff Pham Tran

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  2. Bonjour Monsieur
    Je souhaite entrer en contact avec vous car je suis proprietaire d'un appartement dans un ancien hotel de la cote d'Emeraude construit par Marcel Houdin en 1926 a Saint Cast Le Guildo: Le Celtic Hotel
    Nous avons un projet de restauration du hall d'entree et j'ai vu ce que vous aviez fait au Gallic Hotell qui me semble un modele pour nous
    Accepteriez vous de me donner votre adresse email par exemple que nous puissions communiquer pour obtenir des informations sur la facon dont vous avez procede et les entreprises que vous avez choisies
    Je vous remercie pour votre solicitude et vous prie de croire en mes sinceres salutations
    Catherine Bisdorff Pham Tran

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