Le
« Gallic hôtel » fût construit entre 1926 et 1927
sur les plans de l'architecte Marcel Oudin (1882-1936).
Cet
hôtel est élevé sur les terrains d'une propriété dénommée "Bois Fleury" appartenant à la famille Meetz-Moulton.
Cette famille Moulton, d'origine américaine, possédait également
les deux villas "Moulton", en contrebas du "Gallic", situées en bordure de l'actuelle rue Vernet , dans un vaste parc qui s’étendait de la place Joffre, à la place de la
République. Le "Gallic hôtel" va s'intégrer dans cet environnement végétal, et faire corps avec lui. La ville de Dinard acquerra les villas "Moulton" en 1925,
afin d'établir dans l'une d'elle, le siège de ce qu’on appelait à l’époque "le Syndicat d’initiatives" ancêtre de l’Office du
Tourisme d’aujourd’hui. Les villas "Moulton" et leur parc disparaîtront dans les années 60 pour faire place au parking Vernet, privant ainsi le "Gallic"du cadre végétal dans lequel il s'inserrait.
Vue aérienne vers 1925 côté mer avant la mise en construction du Gallic Hôtel (source : collection particulière) |
Vue aérienne vers 1925 côté ville avant la mise en construction du Gallic Hôtel (source : collection particulière) |
Vue aérienne vers 1950 Le"Gallic"dans son cadre végétal originel (source : collection particulière) |
Angle Place de la République - Rue des Bains vers 1941 Au second plan, une des deux villas "Moulton" (source : collection particulière) |
Le 1er décembre de cette même année 1925, Jean Hennessy qui possède à Dinard la
superbe villa " La garde" va constituer, en apportant
les terrains de "Bois Fleury " qu’il a acquise en
1919, la société anonyme "L'Écluse", au capital de 400.000 francs, dont il est le principal
actionnaire. Cette société dont le siège est successivement au n°1 de la rue Levavasseur puis au n°13 du boulevard Féart, a pour vocation de créer des
équipements balnéaires modernes afin de donner un nouveau souffle à
Dinard. La station est en effet à un tournant important de son
histoire. Elle doit satisfaire les goûts d’une nouvelle clientèle
fortunée, dont les femmes ont coupé leurs cheveux et raccourci
leurs jupes et qui pour fuir l'image des millions de morts de la
Première Guerre Mondiale, se grise de modernité, de vitesse, de
sport, et de jazz. Celle que l'on appellera "la génération
perdue" a désormais remplacé les "ladies", des
sages "five o' clock tea " du "Hight Life
Casino" de Dinard du début de siècle.
Cet
ambitieux projet reçu immédiatement le soutient du maire et ce en
dépit d'une forte opposition du Conseil Municipal où les débats
seront très houleux sur le sujet.
Le "Gallic Hôtel" sera l’unique réalisation de la société "l’Écluse" qui restera propriétaire des murs jusqu’au lotissement de l'hôtel en 1949. Cette société sera également propriétaire des villas "Alba", "la Surprise","la Ruche","les Rochers", "Roche fontaine", "Campo bello" et "les Figuiers". Cette dernière située sur le trottoir opposé au Gallic, transformée en hôtel depuis le début du 20 ème siècle sous le nom "d'hôtel Régina", deviendra "l'hôtel des Figuiers" annexe du "Gallic Hôtel".
Le "Gallic Hôtel" sera l’unique réalisation de la société "l’Écluse" qui restera propriétaire des murs jusqu’au lotissement de l'hôtel en 1949. Cette société sera également propriétaire des villas "Alba", "la Surprise","la Ruche","les Rochers", "Roche fontaine", "Campo bello" et "les Figuiers". Cette dernière située sur le trottoir opposé au Gallic, transformée en hôtel depuis le début du 20 ème siècle sous le nom "d'hôtel Régina", deviendra "l'hôtel des Figuiers" annexe du "Gallic Hôtel".
Papier à entête de l'hôtel des figuiers annexe du Gallic (source ; archives départementales d'Ile et Vilaine) |
La mode des séjours en été sur
la "Riviera ", lancée à Juan les Pins en 1925 par le millionnaire
américain Frank Jay Gould II et sa femme Florence qui y feront édifier le
superbe hôtel "Le Provençal" et la crise de 1929, porteront un coup
fatal à ce renouveau des équipements balnéaires de Dinard qui verra également
échouer les lotissements de "la Vicomté" dont seuls le casino
et l'hôtel "Beauvallon" seront réalisés ainsi que celui
de"Longchamps"à Saint Lunaire.
Florence Gould à bord de "Normandie" vers 1935 |
Frank Jay Gould vers 1913 |
Façade du casino du lotissement de la Vicomté et vue d'une salle de jeux (Victor Lesage architecte 1928) |
Façade de l'hôtel "Beauvallon" du lotissement de la Vicomté (Victor Lesage architecte 1928) |
Son premier et unique directeur, Tito Galli, d'origine italienne mais de nationalité anglaise, est salué par la presse locale, lors de l'inauguration comme un grand professionnel de l'hôtellerie. Il a en effet déjà dirigé de nombreux grands hôtels à Granville et à Jersey notamment.
Tito Galli sera également l'exploitant de l'hôtel jusqu'en 1944. En effet le 1er mai 1927, la société "l'Ecluse" lui donne à bail l'hôtel pour une durée de six ans.Ce bail sera renouvelé successivement en 1933, 1939 et 1941. Le loyer était constitué par un prélèvement sur les recettes bruts de l'hôtel au bénéfice de la société bailleresse. A l'origine du bail la rémunération était de 25% des recettes bruts en juillet, août, septembre et de 15% le reste de l'année. Ces conditions évolueront au fil du temps et provoqueront d'ailleurs une controverse en 1941, date à laquelle la société bailleresse exigera et obtiendra au titre du loyer, 45 % du montant des indemnités d'Occupation.
La société "l'Ecluse" concédera également des baux à Tito Galli en 1930 sur les villas "Campo bello" et "les Figuiers" et en 1936 sur la villa "la Ruche".
Dans les premières années de son exploitation, le "Gallic Hôtel" sera un incontestable succès commercial et mondain. Un nouveau bar dancing va d'ailleurs voir le jour, juste en face du "Gallic Hôtel ", au 11 boulevard Féart, le "Casanova ", œuvre également de Marcel Oudin. Les riches clients de l'hôtel vont pouvoir y danser jusqu'au petit matin, au son des orchestres de jazz et de tango venus de Paris, New York ou Buenos Aires.
La presse locale sera un relais régulier de la vie mondaine du "Gallic Hôtel", comme le prouve l'article, extrait du "journal de la côte d'émeraude" d'août 1931, ainsi que le cliché, publié dans la revue "Dinard mon pays", pris lors d'un "thé" donné au Gallic Hôtel le 3 juillet 1931, à l'occasion de la première arrivée, en gare maritime de Saint Malo, du train rapide "Emeraude- Pyrénnée", ci après.
Cependant, à l'approche de la seconde guerre mondiale, cette même exploitation s'avérera de plus en plus difficile, au point que dès 1938, la fermeture et le lotissement en appartements, sont déjà envisagés.
Entrée du "Casanova", 11 boulevard Féart, projet de façade par Marcel Oudin vers 1927 (source : Archives Municipales de la Ville de Dinard) |
Panneau provenant du décor intérieur du "Casanova" |
La presse locale sera un relais régulier de la vie mondaine du "Gallic Hôtel", comme le prouve l'article, extrait du "journal de la côte d'émeraude" d'août 1931, ainsi que le cliché, publié dans la revue "Dinard mon pays", pris lors d'un "thé" donné au Gallic Hôtel le 3 juillet 1931, à l'occasion de la première arrivée, en gare maritime de Saint Malo, du train rapide "Emeraude- Pyrénnée", ci après.
Cliché pris devant la rotonde à l'occasion d'un "thé" donné le 3 juillet 1931 |
Page de garde du livre de police de l'hôtel année 1931 (source : collection particulière) |
Extraits du livre de police de l'hôtel années 1931-1934. La colonne de gauche reprend les numéros de chambre. La colonne "date de naissance" reprend l'âge des clients
(source : collection particulière)
Cliché d'un groupe de touristes pris le 3 juin 1932 (source : collection particulière) |
Extrait du guide rouge Michelin année 1939. Le Gallic hôtel est l'un des trois meilleurs établissements de la station. (source : collection particulière) |
Cependant, à l'approche de la seconde guerre mondiale, cette même exploitation s'avérera de plus en plus difficile, au point que dès 1938, la fermeture et le lotissement en appartements, sont déjà envisagés.
Le "Gallic Hôtel" subira, d'une part, les conséquences de la crise de 1929 aux États Unis, qui touchera l'Europe en 1931, en perdant une grande partie de sa clientèle , essentiellement anglo-saxonne. Il fût d 'autre part construit "trop tard" à une époque où la vocation mondaine de Dinard commence à décliner, au profit d'une vocation familiale. Cette tendance se confirmera dans les années de l'après guerre avec la disparition des autres palaces de la station, dans les années 50-60, à l'exception du "Grand Hôtel".
Vue générale prise en 1927, l'hôtel est en cours d'achèvement (source : collection particulière) |