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"Miroir des excès et des manques de son époque, l'histoire des hôtels s'avère inséparable de l'histoire des sociétés et chacun d'entre-eux depuis sa construction, ses remaniements, ses changements de destination et parfois sa destruction correspond à un moment clé du passé ou de l'avenir qu'il domine de ses ors. Car le destin d'un hôtel ne lui appartient jamais en propre. Crises économiques, guerres, progrès industriels, mode et concurrence en font la proie d'un monde changeant où son arrogance en fait une incontournable cible. Car rien n'est plus fragile qu'un palace dont l'économie ne peut résister à la moindre crise, d'autant qu'à l'instar des casinos ils se démodent aussi vite que les robes en taffetas". ( Bruno Delarue-"Les bains de mer sur les côtes françaises" p 78- ed Terre en vue).

EMMENAGEMENTS INTERIEURS (4)

LES CHAMBRES



Porte-clefs du Gallic Hôtel - chambre 153


Les 144 chambres, dont 114 avec bain et wc et 30 avec uniquement un lavabo, toutes équipées du chauffage central, se répartissaient sur les 4 façades du bâtiment. Du fait du retrait des gradins sur la façade mer, les chambres de  cette dernière avaient une surface d'environs 60 m² au 1er étage et de seulement 20 m² au 6ème étage. Sur les autres façades la surface moyenne était de 30 m² en dehors d'une série, à chaque étage, de 5 chambres de 18 m² côté jardin ouest.


Plan relevé par Alexis Daniel en 1948
pour le lotissement. 
Les chambres sont encore
dans leur disposition d'origine. 
(source : archives de la copropriété "Le Gallic")

Certaines chambres pouvaient être réunie en "suites" de la manière suivante : aux deux extrémités des couloirs, une chambre "mer" ou "boulevard" et deux pièces jardin "ouest" ou "sud", desservies par un grand vestibule, fermé par une double porte.  Il est à noter que toutes les autres chambres "mer" ne pouvaient être réunies. Sur le boulevard une première série de trois chambres communicantes, puis une seconde série de deux chambres, également communicantes, pouvaient être réunies selon les besoins. 


Vers 1930, tarif des chambres 
reporté sur une carte postale de l'hôtel.
L'expression "jardin"concerne les chambres
situées dans l'actuelle cour.
(source : collection particulière)


La décoration intérieure des chambres, d'après les quelques éléments qui nous est parvenu, paraît  être assez typique de la fin des années 10 et du début des années 20. Cette période hésite encore entre la modernité et le style Louis XVI revisité par la "Belle Époque". Les chambres du "Gallic Hôtel" sont, apparemment, représentatives  de ce compromis stylistique de transition, qui en fait pourtant un hôtel "moderne" dans l'univers des palaces de l'époque qui restent fortement marqués par les décors historicisants. 

Il faut en effet garder à l'esprit que si la modernité s'affiche sans complexe dans l'architecture extérieure des palaces durant cette période, elle n'en franchira les portes qu'en de très rares occasions (hôtel "Latitude 43" à Saint Tropez- 1932- , hôtel "Splendid" à Dax- 1923- , par exemple), ou sera limitée à la décoration des seuls locaux communs (bar de l'hôtel "Georges V" à Paris) et ce pour des considérations purement commerciales. Le but, en dehors du fait que le palace doit toujours donner à son client  l'illusion  qu'il est un châtelain en évoquant "le Grand  Siècle" ou le château de Versailles et sa galerie des glaces (salle à manger  du "Royal" à Deauville par exemple), était aussi de ne pas le choquer par un avant gardisme trop éloigné de son décor quotidien, généralement attaché aux styles du passé. La décoration  des palaces restera donc majoritairement, durant ces deux décennies, dans le style "château moderne" comme au "Provençal " à Juan les Pins (1927), meublé en style directoire ou au "Georges V" à Paris (1928), meublé en style régence.

Cependant, en conformité avec le mouvement minimaliste qui s’affirme en décoration, en cette fin des années 20, Marcel  Oudin réduira au maximum l’ameublement des chambres, en les dotant toutes d’astucieuses armoires à glace « façades » intégrées dans les cloisons. Mises au point par Charles Ritz dans son hôtel de la place Vendôme à Paris au début du XXème siècle, elles évitaient ainsi la présence des disgracieuses et monumentales penderies qui encombraient les chambres d’hôtel de l’époque. 

Là encore, pour ne pas encombrer les chambres, Marcel Oudin va intégrer les radiateurs de chauffage central dans des niches. Cette intégration explique l’alternance de porte fenêtres et de simples fenêtres, car la niche du radiateur est en fait installée sous la partie fenêtre. Sur la façade mer, l’écran que forme les garde corps, crée l’illusion visuelle parfaite de deux porte fenêtres jumelles, ce qui n’est pas le cas.

La décoration de ces chambres nous est connue grâce aux exceptionnels clichés ci après, pris par des soldats de la Wehrmacht lors de l'occupation de l'hôtel durant le second comflit mondial.



Deux clichés pris lors du noël 1941 par des soldats de la Wehrmacht dans une chambre de l'hôtel 
 (source the PWG collection)



Sur ces clichés et à partir de morceaux de papier peints retrouvés in situ ont peut voir que les murs des chambres étaient habillés de papiers peints floraux, aux motifs "modernes" ou bien classiques.


Deux modèles de papier peint
provenant des chambres
du Gallic Hôtel
(source : collections particulières)






Quant au mobilier,  il comprenait, entre autre, de classiques lits à cadre de laiton comme dans tous les hôtels de l'époque, (la aussi par soucis d'hygiène), une commode coiffeuse dite "parisienne" visible derrière les deux soldats du 1er cliché comportant un miroir, une série de 5 tiroirs marquetés, une table de chevet et une table bureau assorties visible sur le second cliché. Ces meubles sont très représentatifs de ce "compromis" entre le  style "Louis XVI 1900" et "l'art déco". Ils se caractérisent  également par un  aspect robuste et relativement simple  qui correspond aux exigences de fonctionnalité du mobilier d'hôtel .





Commode et table standards équipant
les chambres du Gallic Hôtel.
État actuel
 (source : collections particulières)

Des chaises et des fauteuils "confortables" à pans coupés typiquement "art déco" recouverts d'un velours strié à dominante grise rose et bleu, complétaient cet ensemble.

Les quelques pièces de mobilier qui sont ci-dessus présentées, proviennent d'un stock du mobilier de l'hôtel, conservé par la société l'Écluse au moment du lotissement. de 1949. Cette dernière avait en effet l'intention d'exercer une activité de location meublée, dans une partie des chambres. Ce projet ne s'étant pas réalisé, elle offrit aux premiers copropriétaires de l'immeuble, la possibilité d'acheter, s'ils le souhaitaient, les meubles de ce stock

On peut ainsi retrouver certains éléments du mobilier de l'hôtel sur le cliché ci après pris vers 1960 dans une pièce restée dans son "jus" de l'après guerre. On reconnaît en particulier deux chaises encore recouvertes de leur velours d'origine et une table bureau sur la droite. Quant au papier peint on ne peut affirmé qu'il soit ancien mais il semble assez proche de celui visible sur les clichés pris en 1941.




Beaucoup de ces meubles sont toujours de nos jours in situ et en plusieurs exemplaires.

Le matériel sanitaire provenait de la maison Jacob Delafond, et avaient été installé de même que le chauffage central par la société Herbert de Dinard. 

Le sol des salles de bain, comme celui des chambres était recouvert pour des raisons d'hygiène et de facilité d’entretiens, d'un revêtement de couleur rouge alors très en vogue le "Terrazzolith". Ce revêtement constitué d'un mortier contenant de la poudre de pierre ou de marbre avait été coulé sur place et sans joins avec plinthes remontantes par la Société parisienne Douce et Moulin qui en possédait le brevet. Des carpettes façon orient tenaient lieu de "tapis de bain" au pied des baignoires.



Vue d'une salle de bain d'une chambre
côté boulevard Féart
(source : collection particulière)

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Je suis étudiante à l'école d'architecture de Lille. J'écris en ce moment un mémoire de recherche sur le Terrazzolith, ce revêtement de sol qu'on retrouve dans de nombreux bâtiments des années 1920/30, dont l'hôtel Gallic. Je n'aurai malheureusement pas la chance de pouvoir me rendre à Dinard pour le visiter, mais grâce à votre blog je peux constater que du Terrazzolith a été appliqué, et en plus de couleur rouge. C'est assez rare, puisque dans les lieux que j'ai pu visiter pour le moment, il est toujours dans les teintes brunes ou grises. Est-ce que vous avez encore d'autre photos, qui montrent mieux les sols de l'hôtel? Je vous remercie,
    Bien à vous,
    Justine (ENSAP Lille)

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