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"Miroir des excès et des manques de son époque, l'histoire des hôtels s'avère inséparable de l'histoire des sociétés et chacun d'entre-eux depuis sa construction, ses remaniements, ses changements de destination et parfois sa destruction correspond à un moment clé du passé ou de l'avenir qu'il domine de ses ors. Car le destin d'un hôtel ne lui appartient jamais en propre. Crises économiques, guerres, progrès industriels, mode et concurrence en font la proie d'un monde changeant où son arrogance en fait une incontournable cible. Car rien n'est plus fragile qu'un palace dont l'économie ne peut résister à la moindre crise, d'autant qu'à l'instar des casinos ils se démodent aussi vite que les robes en taffetas". ( Bruno Delarue-"Les bains de mer sur les côtes françaises" p 78- ed Terre en vue).

LES JARDINS

LES JARDINS

Le jardin nord

Ce jardin dessinés dès 1927, sera aménagé postérieurement à l’ouverture de l’hôtel, car l’angle du bd Féart était alors occupé par une agence de la banque « Boutin » qui rendait sa réalisation impossible.

Le pavillon de l'agence de la banque "Boutin" avant 1927



Vue de la plage en 1927 le pavillon de la banque Boutin
est encore visible à gauche de la façade
(source : collection particulière)


Jardins dans leur premier état lors de l'inauguration en 1927



Relevé du jardin nord effectué par Émile Guisnel vers 1940
( source : Archives départementales d'Ile et Vilaine)






La végétation était traitée selon le principe du jardin « à la française ». L’utilisation systématique de la ligne droite par les architectes de la période « art déco » va avoir pour conséquence de remettre au goût du jour, après plus de 150 ans de vogue du jardin « à l'anglaise », reproduisant une nature picturale idéalisée, le langage géométrique du jardin « français ». André Le Nôtre en fût le maitre incontesté en France au XVII ème siècle en créant en particulier le jardin du château de Versailles . C'est Albert Laprade qui le premier réintroduira cet art du jardin lors de l'Exposition des Art Décoratifs de 1925. Il convient de rappeler que ce type de jardin se caractérise par une nature qui n'est envisagée que comme un élément d'architecture au même titre que les bâtiments eux mêmes. Ces jardin reproduisent en plein air les agencements et les décors intérieurs desquels ils constituent le prolongement. Les noms évocateurs de certains bosquets du jardin de Versailles comme "salon frais", "salle de bal" ou "théâtre d’eau" sont à ce titre très significatifs. Il s'agit par conséquent d'espaces où la  nature est très contenue et où l'élément minéral joue un rôle très important. Il faut également garder en mémoire qu'au XVII ème siècle les espèces de fleurs ornementales sont encore rares et coûteuses. Elles sont en général plantées en pot dans la terre et sont ainsi remplacées régulièrement au gré des saisons ou des caprices., Ceci émerveille d'ailleurs la Princesse Platine qui à Versailles dit s’endormir avec des parterres de narcisses et s’éveiller le matin avec des tulipes sous ses fenêtres. Pour les mêmes raisons et contrairement à la pratique contemporaine, les parterres de broderie destinés à être vus en surplomb du 1er étage, ou étage "noble" des bâtiments, n'étaient pas garnis de fleurs  mais de petits cailloux de différentes couleurs. 

Le jardin nord du "Gallic" quant à lui s'inscrira totalement dans cette approche classique de l'art du jardin en étant le parfait prolongement architectural de l’hôtel par l'utilisation du même langage du « gradin ».


Vue des jardins en gradins
 (source : collection particulière)


La pente du terrain aujourd’hui remblayée était divisée en quartes terrasses, reliées entre elles par une volée de trois marches, dans la perspective de l’escalier de la rotonde qui en constitue le premier degré.


Vue de la première terrasse
 (source : collection particulière)



 L’escalier se terminait à gauche par une terrasse belvédère et à droite par l’entrée des jardins coté plage, dans l’angle du boulevard. À ce niveau un grand carrelage « tapis » garnissait le sol de cette entrée cochère. Cette dernière était flanquée de deux puissants piliers coiffés de huit colonnettes supportant une plate forme conique, permettant la réflexion de la lumière d'un dispositif lumineux indirect installé à l'intérieur des piliers. Un superbe portail en fer forgé de couleur noire, à deux vantaux au dessin « moderniste » donnait accès aux jardins appelés alors « garden bar »

Entrée des jardins côté mer
(source : collection particulière)
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Anonyme vers 1930. Mary et Yolanda Galli
 filles du directeur Tito Galli
posent devant le portail de l'entrée
des jardins côté mer



L’espace de chaque terrasse du jardin nord du « Gallic » était structuré par des haies de troènes ou de buis et des « banquettes » composées de gazon, de fleurs et de dix lauriers taillés en topiaire dans les extrémités. Ces "banquettes" seront par la suite simplifiées peut être pour des raisons de difficulté d’entretiens face aux vents marins et plantées uniquement de haies de troènes et de fusains. L’espace relativement réduit de ce jardin était ainsi divisé en sorte de « salons » en plein air et permettait aux clients de l’hôtel d’avoir une certaine intimité. Le sol était quant à lui recouvert de petits graviers dit 'Dugesclin" . Des rose trémières habillaient les robustes colonnes de la rotonde. La partie inférieure de cette dernière qui sera par la suite obturée par la construction de l'abri antiaérien durant la seconde guerre mondiale, était garni d'un treillage garde vue en bois aux formes carrées, peint de couleur verte.
Vue aérienne des jardins
(source : collection particulière)

Vue des jardins vers 1930
(source : collection particulière)

Fauteuil provenant des jardins
(source : collection particulière)

Cet ensemble était complété par des centaines de pieds de géranium rouge qui garnissaient les jardinières courant le long des façades de l’hôtel et conféraient ainsi à l’immeuble une silhouette d’« immeuble jardin ».

Vue colorisée des jardins vers 1939
(source : collection particulière)

Ce jardin qui sera le théâtre de fêtes fastueuses comme celle donnée par Lady Mond en 1934 en l’honneur de Jacques Cartier et de son voyage au Canada, accentuaient la monumentalité et le puissant graphisme de pyramide de l'immeuble. Ainsi placé au sommet d’un escalier, sur une sorte de promontoire, le « Gallic hôtel » lançait aux baigneurs de la plage, un fort signal de « modernité » classique.


Le jardin nord disparu en grand partie durant l’Occupation du fait de la constitution d’un tablier de protection en terre destiné à protéger l’abri situé sous la rotonde.  Un important bunker encore en place de nos jours, précédé une fausse d'accès, sera édifié dans la partie la plus au nord du jardin en bordure de la place Foch, entre le Gallic et la villa "Moulton". Un "tobrouk" (petit bunker individuel où le soldat est équipé d'une mitrailleuse) qui lui a disparu, sera édifié contre le mur d'enceinte en bordure du bld Féart.


Cliché pris par un soldat de la Wehrmacht en 1941.
Il s'agit sans doute de l'une des dernières visions du jardin nord
qui disparaîtra lors de la fortification du sous sol
de la rotonde et la construction des bunkers.
 (source : collection particulière)

Le jardin ou ce qu'il en restait sera ensuite comblé définitivement et transformé en parking pour la compagnie d’autocars « Lancien » qui acheta la rotonde et la transforma en gare routière.



Cliché pris en août 1950, le jardin a disparu.
A gauche, le blockhaus édifié durant l'occupation
entre le Gallic et le jardin de la villa "Moulton"
(source : collection particulière)



Vue actuelle de l'ancien emplacement du jardin nord.
Cet environnement consacré au stationnement,
dont les infrastructures sont dégradées et la végétation
vieillissante,  dénature l'harmonie architecturale originelle
voulue pour le Gallic.


Le jardin intérieur :

Situé dans la cour intérieure, il était bordé au nord par le bâtiment des cuisines, au sud par celui des courriers, à l'est par le bar et l'entrée de service des fournisseurs, à l'ouest par le parc de la propriété "Moulton".

Cet jardin a aujourd'hui disparu et a laissé place à une cour dédiée au stationnement. Cependant nous en possédons une description très précise faite par les services de l'armée française dans l'état des lieux dressé en septembre 1939 lors de la réquisition.

Il était composé au sud, à l'est et en bordure du bâtiment de courriers d'une plate bande de gazon bordée par un grillage en fils métalliques dit "bordure parisienne"peint en vert. Le long de ces plates bandes étaient plantés des fusains taillés et des hortensias. 
Un trottoir cimenté bordait le bâtiment des cuisines. Des caisses en bois et huit jardinières circulaires en ciment "rustique" (imitant le bois), plantés de fusains taillés y étaient disposés.
Au centre du jardin deux grandes pelouses avec massif au milieu, entourée elles aussi de grillage dit "bordures parisiennes". Le sol était recouvert de petit graviers dit "Dugesclin".

Vue du jardin intérieur (Source : collection particulière)


Cet endroit bien exposé et à l'abri des vents marins à la différence du jardin nord constituait la terrasse du bar et devait être très agréable.












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